L'assurance vie enregistre une croissance remarquable au premier semestre 2025

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Avec 97,8 milliards d’euros versés au premier semestre 2025 et une collecte nette qui culmine à 26,6 milliards, l’assurance vie signe sa meilleure performance depuis 2010. Le mouvement, alimenté par le repli des placements de court terme et par des offres plus compétitives sur les fonds en euros, s’appuie aussi sur la résilience des unités de compte.

Pourquoi l’assurance vie reprend l’avantage
Le signal est net : en six mois, les ménages ont davantage versé qu’ils n’ont retiré, portant la collecte nette à 26,6 milliards d’euros, un sommet inédit depuis quinze ans. Sur le seul mois de juin, les cotisations atteignent 17,1 milliards ( +18 % vs juin 2024 ), confirmant une dynamique qui tranche avec l’année précédente, perturbée par les incertitudes politiques. 

 

Selon France Assureurs, la collecte brute s’inscrit à 97,8 milliards au S1 (+5 % sur un an), preuve que l’assurance vie a retrouvé un avantage comparatif face aux placements de trésorerie.
 

Plusieurs ressorts se combinent. D’abord, la baisse des rémunérations de l’épargne de court terme, illustrée par la décrue du taux du Livret A à 1,7 % au 1er août 2025, diminue l’attrait des livrets et dépôts à terme. Ensuite, les fonds en euros ont regagné en compétitivité : le rendement net d’impôt redevient supérieur à celui des supports liquides, et les assureurs ont multiplié les campagnes promotionnelles sur les versements (taux boostés pouvant dépasser ponctuellement 4 % sous conditions de détention en unités de compte). Enfin, la propension élevée à épargner—alimentée par un environnement encore incertain—reste un moteur structurel : l’assurance vie capte à elle seule environ un tiers de l’épargne financière des ménages, et l’encours moyen par contrat avoisine 100 000 €.
 

La mécanique a fonctionné malgré un contexte de marché exigeant (volatilité actions, pivot monétaire encore graduel). Fait notable : les prestations (rachats et échéances) ont reculé sur la période, ce qui amplifie l’effet volume des versements. Les arbitrages se font moins au profit des dépôts à terme qu’en 2023-2024 : la courbe des taux s’aplatit, les banques normalisent leurs offres, et l’horizon de placement des ménages s’allonge de nouveau.

UC solides, fonds euros revigorés : un mix plus équilibré
Le rebond n’est pas monocorde. Côté souscriptions, la part des unités de compte (UC) se maintient à 38 % sur le semestre—un niveau élevé au regard des standards historiques—et grimpe à 41 % en juin. Signe que les épargnants acceptent un peu de risque pour dynamiser leur rendement de long terme (OPC actions, diversifiés, immobilier papier, ETF), tout en conservant une poche sécurisée. Pour autant, les fonds en euros ne sont pas en reste : leur collecte redevient positive et leur collecte brute progresse sur un an. La logique de « barbell » (sécurité + dynamisation) s’installe : la prime de liquidité retrouvée des euros et la visibilité qu’ils apportent se combinent avec des poches UC calibrées.
 

Ce rééquilibrage s’observe aussi dans les comportements de versement. Les flux récurrents (prélèvements programmés) montent en puissance, tandis que les tickets opportunistes profitent des périodes de faiblesse de marché. Les réseaux bancassurance poussent une ingénierie plus fine : bonus de rendement conditionnés à une proportion d’UC, contrats plus lisibles, gamme d’ETF à frais maîtrisés, et supports immobiliers rationalisés. Résultat : la diversification progresse sans effacer la demande de capital garanti—un compromis qui favorise la collecte.
 

Pour les professionnels, le message est double. D’un côté, la fenêtre d’attractivité des fonds euros reste ouverte tant que les livrets et DAT offrent des rémunérations modestes et que les obligations d’État se détendent. De l’autre, la pédagogie sur le risque demeure clé pour ancrer les UC : expliquer les cycles, lisser les points d’entrée, rappeler l’horizon de placement et la place du couple rendement/volatilité dans un patrimoine global.
 

La suite dépendra du calendrier monétaire et de la conjoncture. Une désinflation maîtrisée et un assouplissement graduel des taux soutiendraient mécaniquement la valeur des actifs obligataires, donc la performance des fonds euros (par revalorisation progressive des portefeuilles) tout en limitant l’érosion des rendements servis. À l’inverse, un regain d’inflation ou un choc de marché rallumerait la volatilité sur les UC et imposerait de resserrer la gestion du risque. Dans ce contexte, l’assurance vie confirme son statut de véhicule pivot : enveloppe fiscale souple, large spectre de supports, et ingénierie successorale qui continue de faire la différence.

Chiffres clés (France Assureurs) :
• 97,8 Mds€ de cotisations au S1 2025 ( +5 % vs S1 2024)
• 26,6 Mds€ de collecte nette (plus haut depuis 2010)
• 17,1 Mds€ en juin ( +18 % vs juin 2024)
• Part des UC : 38 % sur le semestre, 41 % en juin
• Capital moyen par contrat autour de 100 000 €